Coup de coeur  : Lansana Diaby, le «pro cureur» d’un système bouché !

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Coup de coeur  : Lansana Diaby, le «pro cureur» d’un système bouché !

koumpeu.com–Plus que les empoignades entre avocats et juge, l’intervention du procureur Lansana Diaby a été la  plus commentée et de loin la plus appréciée dans le procès en appel de la caisse d’avance de la mairie de Dakar. En demandant au juge de prendre en compte les décisions émanant de la Cour communautaire et d’en tirer les conséquences, M. Diaby a agréablement rendu un service à la magistrature qui perdait son prestige et son autorité avec des contestations à foison. Du coup, son discours de haute facture qui causerait des fractures chez certains selon leurs intérêts ne peut qu’être apprécié à sa juste valeur.

Sous d’autres cieux, le plaidoyer du procureur général passerait inaperçu parce que tout simplement les droits des justiciables y sont respectés et que les juges assument entièrement leur statut de pouvoir. L’intervention du procureur général est donc à saluer d’autant plus que la justice dans notre pays n’est visiblement un pouvoir que de nom. En tout cas c’est cela que beaucoup pensent de notre système judiciaire. Au demeurant, le procureur en tant que représentant du ministère public ne peut guère ramer à contrecourant de ses intérêts. Sauf qu’ici, il est bien loisible de noter que le ministère public n’est pas exclusivement et forcément l’Etat ou le gouvernement. L’intérêt de la société dont font partie les prévenus doit être protégé et demeurer le seul souci du maître des poursuites.

Cependant si l’on est arrivé à confondre procureur et avocat de l’Etat c’est bien parce que le premier préserve toujours les intérêts du pouvoir nonobstant son manteau d’avocat de la société. Cela est d’autant plus vrai que dans des affaires politiques, les procureurs semblent oublier que les mis en cause sont de la société et que partant leur intégrité physique et morale doit être préservée. En déclarant donc que « chaque fois que l’Etat est condamné à agir immédiatement, le parquet doit exécuter immédiatement cette décision. C’est l’Etat qui a violé le traité. Et c’est le citoyen qui a été lésé par une situation », Lansana Diaby met le curseur sur la centralité du travail d’un procureur : préserver les intérêts de la société en respectant les droits de ceux qui lui ont causé du tort. Agir autrement serait purement et simplement violer les droits des citoyens et aucun procureur sérieux ne devrait l’accepter.

Plus assagi que nombre de ces collègues qui auraient tout simplement passé sous silence ou foulé au pied un tel fait, Lansana Diaby restera gravé dans la mémoire collective tant que le très médiatisé procès du député-maire de Dakar sera conté. Bien entendu à côté de tous ces noms, juges et avocats, qui ont une fois contribué à l’éclatement/enterrement de la vérité sur la caisse d’avance. Même s’il s’est davantage invité dans les débats ces derniers jours, le procureur Diaby n’est pas à son premier grand procès. Il a eu à poursuivre de grands noms tels que Maitre Amadou Sall pour offense au chef de l’Etat en 2012 et a pu maintenir Luc NicolaÏ en prison avec son pourvoi en cassation dans l’affaire du Lamantin Beach en 2013.

Cette position dans l’affaire Khalifa Sall confirme juste la compréhension qu’il s’est fait de la justice. Il remarquait pour le déplorer lors de la prestation de serment d’avocats le 28 Décembre 2017 que « la justice est livrée à une vindicte populaire, en commençant par les membres de notre famille. On reproche aux magistrats leur manque de courage et d’indépendance. Certains vont même jusqu’à parler d’affaire traitée à la présidence ». Mieux encore, comme pour répondre aux détracteurs de la justice, il disait que « la justice n’est pas là pour faire plaisir et tout ce qu’on attend du juge c’est qu’il soit libre et indépendant ». Sages paroles qui reflètent son comportement sage dans ce procès en appel. Vivement qu’elles inspirent nos honorables juges !

Par Ababacar GAYE

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