Turquie: le Parti des travailleurs kurdes (PKK) annonce sa dissolution après plus de 40 ans de lutte armée

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« Le 12e Congrès du PKK a décidé de dissoudre la structure organisationnelle du PKK et de mettre fin à la méthode de lutte armée », a annoncé dans un communiqué le groupe armé kurde, qui avait indiqué plus tôt s’être réuni en congrès la semaine dernière.

Comme attendu, le PKK annonce la fin de son existence en tant qu’organisation et la fin de la lutte armée. Le groupe proclame avoir « accompli sa mission historique » et l’entrée dans une « nouvelle ère », celle de la « résolution de la question kurde par la voie de la politique démocratique », rapporte notre correspondante à Ankara, Anne Andlauer.

Cette décision n’est qu’une première étape d’un chemin qui s’annonce long et difficile. Le PKK affirme que la mise en œuvre de sa décision exige « que le droit à la politique démocratique soit reconnu et qu’une garantie juridique solide soit mise en place ». Il appelle le Parlement turc à ses responsabilités.

Le président du Kurdistan irakien salue une décision qui renforce la stabilité dans la région. La décision du PKK « témoigne d’une maturité politique et ouvre la voie à un dialogue qui favorise la coexistence et la stabilité en Turquie et dans la région », a déclaré Nechirvan Barzani dans un communiqué, ajoutant qu’elle « jette les bases d’une paix durable qui mettrait fin à des décennies de violence, de douleur et de souffrance ».

Un an de négociations

Cette étape majeure est le résultat de plus d’un an de négociations entre l’État et Abdullah Öcalan, le fondateur emprisonné du PKK, depuis 26 ans sur l’île-prison d’Imrali, au large d’Istanbul.

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Le 27 février, le chef historique du PKK, Abdullah Öcalan, avait appelé son mouvement à déposer les armes et mettre fin à une guérilla qui a fait plus de 40 000 morts depuis 1984. Cet appel d’Abdullah Öcalan, faisait suite à une médiation initiée à l’automne par le principal allié du président Recep Tayyip Erdoğan, le nationaliste Devlet Bahçeli, via le parti pro-kurde DEM.

Le PKK avait répondu favorablement le 1er mars à l’appel de son chef historique, annonçant un cessez-le-feu immédiat avec les forces turques. Le président turc Recep Tayyip Erdoğan avait alors estimé que l’appel d’Abdullah Öcalan était une « opportunité historique » pour les Turcs et les Kurdes, qui représentent selon certaines estimations 20% des 85 millions d’habitants de la Turquie.

Des avancées mais pas de modalités encore connues

Officiellement, les autorités turques n’ont rien promis, mais elles ont laissé entendre que la disparition effective du groupe armé ouvrirait la voie à des avancées dans des domaines qui touchent de près à la question kurde. Dans l’immédiat, cette annonce ne dit rien des modalités pratiques du désarmement et du sort des combattants du PKK, notamment de ses chefs militaires installés dans le nord de l’Irak. Des points critiques qui ont, sans aucun doute, déjà été négociés entre Ankara et l’organisation.

La fin de la lutte armée, si elle est effective, alimente l’espoir d’une résolution pacifique de la question kurde en Turquie. Au sein de la minorité kurde, qui représente environ 15% de la population du pays, les attentes sont à la hauteur de l’enjeu. « L’État turc a épuisé toutes les méthodes de répression des Kurdes. Les disparitions forcées, les villages brûlés, les gardes à vue, la prison… Il a tout essayé ! La seule chose qu’il n’ait jamais tenté, c’est la paix. Nous sommes à un moment de l’Histoire où nous avons besoin de vivre ensemble et en paix, enfin », explique Ilyas, Kurdes vivant à Ankara.

« J’ai confiance en Abdullah Öcalan. Si quelqu’un peut amener la paix, c’est lui et lui seul. Mais pour l’instant, j’ai l’impression que seuls les Kurdes font des concessions. Pour que ça marche, il faut que les deux parties fassent des gestes », souligne de son côté Seracettin. « Ce serait tellement bien, si vraiment la paix s’installait, si nous pouvions retourner dans nos villages. Turcs et Kurdes, nous vivrions vraiment en frères. J’espère que la paix permettra une amnistie générale et le droit à l’éducation en langue kurde », termine Ferzan.

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