Pourquoi des pluies sont-elles aussi meurtrières au Japon?
koumpeu.com–Le Japon cumule les catastrophes naturelles, des tremblements de terre aux typhons, en passant par les tsunamis et éruptions volcaniques et y est généralement bien préparé: comment se fait-il alors que les pluies diluviennes qui se sont abattues la semaine dernière aient été si meurtrières?
Voici quelques-uns des facteurs qui ont contribué à la pire catastrophe japonaise liée aux pluies depuis 1983.
Saison des typhons, record pluviométrique
Les pluies violentes ont commencé avec l’arrivée d’un typhon qui a frappé le Japon, alors entré dans la saison des pluies. L’archipel est malmené en moyenne six fois par an par des typhons entre juillet et octobre/novembre.
Ces perturbations majeures drainent dans leur sillage des précipitations torrentielles et des vents violents.
Malgré les mesures prises, comme la mise en place de barrages pour contrôler la montée des eaux, les pluies emportent chaque année avec elles leur lot de victimes.
Mais cette année, les précipitations ont été sans précédent: des records de pluviométrie ont été enregistrés en 72 heures dans 118 points d’observations répartis dans une quinzaine de préfectures.
Une géographie compliquée
Près de 70% du territoire nippon est constitué de montagnes et de collines. Beaucoup d’habitations sont construites sur des pentes abruptes ou des plaines inondables, bref des zones à risque.
« En outre, la géologie du pays n’est pas homogène, en raison des plaques tectoniques et des couches volcaniques sur lesquels il est situé. En résumé, il est très vulnérable », explique Hiroyuki Ohno, responsable de l’institut Sabo étudiant les glissements de terrain.
Le gouvernement a mis en place un projet de longue durée visant à déplacer les personnes vers des endroits plus sûrs tout en interdisant la construction de nouveaux bâtiments dans les zones potentiellement les plus dangereuses. Mais la tâche n’est pas terminée et de nombreuses personnes demeurent encore à la merci des désastres.
Des maisons en bois
De nombreuses maisons japonaises sont en bois, notamment, mais pas seulement, les habitations traditionnelles en zone rurale.
Leur soubassement est aussi en bois, ce qui facilite leur résilience face à un tremblement de terre mais les rend particulièrement vulnérables face au déferlement d’eau ou à un terrain qui se dérobe.
Ordres d’évacuation
Au cours des derniers jours, les autorités japonaises ont émis des ordres d’évacuation à un cumul de cinq millions de personnes, mais ces instructions ne sont pas obligatoires et beaucoup ne les ont pas suivies, par ignorance ou parce que c’était dangereux de partir ou encore parce que le risque n’était pas perçu.
« Les êtres humains ont ce qu’on appelle un biais de normalité, ce qui signifie que les personnes ont tendance à ne pas évacuer et à ignorer les informations négatives », explique à l’AFP, Hirotada Hirose, un expert en gestion des catastrophes.
« A cause de notre nature humaine, nous ne réagissons pas comme nous devrions le faire quand nous sommes confrontés à des catastrophes naturelles, telles que les éboulements ou les inondations soudaines, qui surviennent sans prévenir », poursuit M. Hirose.
Mais les experts pointent aussi du doigt le système d’avertissement japonais qui met entre les mains de fonctionnaires locaux n’ayant aucune expérience en gestion des catastrophes la décision d’émettre ou non des ordres d’évacuation.
« Les réticences à émettre des ordres d’évacuation peuvent créer des retards (…) et si l’avertissement est donné à une heure nocturne, personne ne l’entend », s’inquiète M. Hirose.
Changement climatique
De nombreux résidents ont peut-être été leurrés par une illusion de sécurité après des années d’événements météorologiques impressionnants mais peu meurtriers.
« La fréquence à laquelle les catastrophes météorologiques ont lieu a augmenté, et nous vivons dans un monde où les règles apprises par l’expérience passée ne peuvent plus être appliquées », insiste M. Ohno.
Le changement climatique bouleverse la donne et les experts recommandent désormais que les populations évacuent bien en amont des ordres d’évacuation lorsque des pluies intenses sont prévues.
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