Douze soldats nigériens ont été tués et huit blessés lors de l’attaque d’une base militaire dans le sud-est du Niger, attribuée mercredi par le ministère nigérien de la Défense au groupe jihadiste nigérian Boko Haram, qui multiplie les actions violentes dans la région.
“Dans la nuit de mardi à mercredi, la position militaire Blabrine, dans la région de Diffa, a été attaquée par des éléments armés non encore identifiés appartenant très probablement au groupe terroriste Boko Haram”, a annoncé mercredi soir le ministère de la Défense dans un communiqué du ministère lu à la radio d’Etat.
“Le bilan provisoire” du ministère fait état de “12 militaires tués et 8 blessés”.
Plus tôt dans la journée, des sources locales de la région de Diffa avaient annoncé l’attaque à l’AFP, “vers 03H00 (02H00 GMT)” du matin, évoquant un bilan de 10 morts, ainsi que du matériel militaire incendié.
“Les opérations de ratissage et de poursuite auxquelles participent nos partenaires de la Force multinationale mixte (Tchad, Niger, Nigeria, Cameroun) ont été engagées pour rattraper et neutraliser les éléments ayant perpétré l’attaque, qui se sont repliés en direction du Lac Tchad”, déclare le ministère de la Défense, qui affirme aussi que les combats ont fait “plusieurs morts et blessés côté ennemi”.
Après une accalmie fin 2018 dans la région de Diffa, voisine du Nigeria, berceau de Boko Haram, les attaques du groupe jihadiste sont devenues à nouveau récurrentes depuis mars.
Le 19 octobre, le maire de Kabaléwa, une commune proche de N’Guigmi (à une quarantaine de kilomètres de la base militaire attaquée), et son épouse ont été enlevés par des membres de Boko Haram.
Fin mars 2019, au moins dix civils ont été tués dans un attentat-suicide et une attaque de Boko Haram à N’Guigmi même.
La région a connu d’innombrables attaques depuis février 2015 et le groupe islamiste nigérian a déjà mené des opérations d’envergure par le passé, prenant le contrôle de la ville et de la base de Bosso en 2016.
Réfugiés et déplacés par milliers
La région de Diffa abrite 120.000 réfugiés nigérians, 30.000 Nigériens revenus du Nigeria et environ 110.000 déplacés internes, fuyant tous les exactions de Boko Haram, selon des chiffres publiés par l’ONU en octobre.
Le Niger, un des pays les plus pauvres du monde, qui est confronté à Boko Haram dans le Sud-Est, doit également faire face aux groupes jihadistes sahéliens à l’Ouest dans sa zone frontalière avec le Mali.
Les régions de Tillabéri et Tahoua (ouest) accueillent 150.000 réfugiés et déplacés en raison des violences qui ont fait des centaines de morts.
“Il ne se passe pas un jour sans perte humaine (dans la sous-région Mali, Niger, Burkina), nous assistons à la banalisation de la violence, à la terreur au quotidien”, avait rappelé en septembre le président nigérien Mahamadou Issoufou, soulignant “l’urgence” de la situation alors que “la menace s‘étend vers le sud”.
Il avait appelé à la mise en place d’une “coalition internationale de lutte contre le terrorisme au Sahel et au lac Tchad à l’image de la coalition qui a été mise en place pour lutter contre Daech au Moyen-Orient”.
Son pays accueille déjà des bases militaires française dans le cadre de l’opération antijihadiste Barkhane et américaine.
En plus de l’insécurité, la région de Diffa est actuellement confrontée à des inondations dues à une crue de la rivière Komadougou Yobé (qui sert de frontière naturelle entre le Niger et le nord-est du Nigeria) qui ont déjà fait près de 40.000 sinistrés, selon un dernier bilan officiel.
AFP