Mauritanie : une ancienne « esclave » en route pour les législatives
Les législatives prévues en septembre en Mauritanie comptent parmi les candidats un profil atypique : celui de Habi Mint Rabah, une ancienne “esclave”.
Descendante d’esclaves, Habi Mint Rabah aurait elle-même passé plus d’une trentaine d’années dans la servitude. Mais ces années d’esclavage n’ont pas réussi à ensevelir ses rêves en politique. Aujourd’hui, la jeune femme espère du reste obtenir un ticket de député au sein d’un Parlement taxé d‘être pro-esclavagiste, et ainsi faire entendre la voix de ceux qui ont connu le même sort qu’elle.
L’histoire de Habi Mint Rabah avec l’esclavage débute très tôt, dès l‘âge de cinq ans, raconte-t-elle à la BBC. À cet âge-là, déjà, elle devait s’occuper du bétail et subir les viols à répétition de son « maître », ajoute-t-elle. « J’ai toujours pensé, sans vraiment comprendre, que c‘était normal ».
Ce n’est qu’en 2008 qu’elle parvint à se sortir des geôles de son « maître » grâce à son frère, un esclave affranchi. Ce dernier fit appel à des organisations de défense des droits de l’homme et à l’ONG anti-esclavagiste Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), dirigé par le militant Biram Dah Abeid.
Dans un pays longtemps marqué par les disparités raciales et sociales, Biram Dah Abeid pense que la jeune femme pourrait avoir une belle carte à jouer lors les prochaines législatives.
« Elle est une victime de l’esclavage que nous avons libérée, elle s’est jointe à nous, elle est militante et va se montrer contre le groupe pro-esclavagiste dominant du prochain parlement », assure Biram Dah Abeid.
L’esclavage a officiellement été aboli en 1981 en Mauritanie, mais jusqu‘à 43.000 personnes y étaient encore victimes en 2016, soit environ 1 % de la population, selon un rapport d’Amnesty International publié en mars, citant des estimations d’organisations antiesclavagistes internationales. Depuis 2015, l’esclavage a pourtant été érigé en crime contre l’humanité.
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