Manifestations de lycéens au Gabon: le gouvernement suspend les cours
Le gouvernement du Gabon a annoncé « la suspension des cours » dans tout le pays pour répondre à la colère des lycéens qui manifestent depuis lundi contre un changement des règles d’attribution des bourses, selon un communiqué reçu jeudi par l’AFP.
« Dans sa volonté d’apaisement et d’écoute à l’endroit des populations, le gouvernement de la République décide la suspension des cours jusqu’à nouvel ordre sur l’ensemble du territoire national », a déclaré le ministre de l’Education nationale, Michel Menga M’Essonne, dans le communiqué.
« Suite au mouvements d’humeur des élèves des différents établissements scolaires du pays constatés depuis le lundi 8 avril », le gouvernement se dit « très attentif à l’évolution du climat social » et « préoccupé par cette vague de mécontentement », selon le ministre.
Fin mars, un projet de décret restreignant l’accès aux bourses universitaires pour les futurs étudiants gabonais a été entériné. Il fixe désormais à 19 ans l’âge maximum pour y avoir droit et exige au moins 12 de moyenne au bac.
Cette réforme aura pour effet de réduire sensiblement le nombre d’étudiants susceptibles de prétendre à cette bourse universitaire, dont le montant est d’environ 83.000 francs CFA par mois (127 euros).
Selon les chiffres du ministère de l’Enseignement supérieur gabonais, 65% des admis au premier tour du baccalauréat en 2017 étaient âgés de vingt ans ou plus.
Dénonçant une réforme « injuste », plusieurs organisations lycéennes avaient appelé les élèves à manifester pacifiquement le jour de la rentrée lundi, et les deux jours suivants.
Des milliers de lycéens sont alors descendus dans les rues des principales villes du pays, dont la capitale Libreville.
Lundi, le Premier ministre, Julien Nkogue Bekale, avait défendu cette nouvelle mesure devant la presse, invoquant notamment les difficultés économiques rencontrées par le Gabon.
« L’Etat et le gouvernement ne ménageront aucun effort pour attribuer les bourses à nos étudiants brillants, mais nous n’allons pas encourager la médiocrité », avait-il déclaré.
Au Gabon, les recettes publiques ont fondu depuis la baisse du cours du brut en 2014, plongeant ce pays pétrolier dans une crise économique dont il peine à sortir.
Si le cours de l’or noir est depuis remonté, il n’a toutefois pas retrouvé son niveau d’avant la crise.
Un plan d’aide financière du Fonds monétaire international (FMI) a été accordé en 2017 au Gabon en échange d’une diminution des dépenses publiques.