L’ONU appelle le Mali à abroger le décret dissolvant les partis politiques

Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme a appelé vendredi le Mali à abroger le décret ayant dissous les partis et à « rétablir pleinement les droits politiques dans le pays ».

« Le président de la transition doit abroger ce décret draconien et « toute restriction de la participation politique doit être conforme aux obligations internationales du Mali en matière de droits humains », a affirmé le Haut-Commissaire, Volker Türk, dans un communiqué.

La junte au pouvoir a dissous mardi les partis politiques après l’organisation par ces derniers d’une manifestation le 3 mai à Bamako pour dénoncer cette éventualité et réclamer le retour des civils au pouvoir.

La chaîne de télévision française TV5 Monde a aussi été suspendue « jusqu’à nouvel ordre », accusée d’un manque d’impartialité.

Et au moins trois membres de l’opposition ont été arrêtés à la suite des manifestations, sans informations sur les lieux où ils se trouvent, selon le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme.

Il s’agit « des dernières victimes d’une série de disparitions forcées qui remonte au moins à 2021 », a-t-il déploré, exhortant les autorités à libérer les personnes arrêtées pour des motifs politiques.

Pour le Haut-Commissaire, les lois limitant la participation politique « risquent de réduire au silence les voix dissidentes dans le pays et pourraient aggraver les problèmes plus généraux en matière de droits humains ».

Il les appelle à « protéger l’espace civique et garantir un environnement dans lequel chacun et chacune peut jouir de tous ses droits, y compris les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique ».

Les militaires, au pouvoir depuis deux coups d’Etat en 2020 et 2021, ont manqué à leur engagement de céder la place à des civils élus en mars 2024.

M. Türk demande à la junte de ne pas prolonger davantage la période de transition et à publier « sans délai » un calendrier électoral.

Le Mali est en proie depuis 2012 à une profonde crise économique et sécuritaire nourrie notamment par les violences jihadistes et des groupes criminels communautaires.

Selon le Haut-Commissariat, qui cite des sources crédibles, le nombre de violations des droits humains documentés a augmenté de près de 120% entre 2023 et 2024.

Le Haut-Commissariat pointe du doigt les attaques contre des civils menés par des groupes jihadistes ainsi que des rapports indiquant que des membres des forces armées maliennes, qui seraient accompagnés de personnel militaire étranger communément appelé « Wagner » ou « Africa Corps », ont tué des dizaines de personnes le mois dernier.

Des victimes auraient été sommairement exécutées après leur arrestation à Sebagougou, dans le sud-ouest de la région de Kayes, selon l’ONU. « Les multiples enquêtes annoncées par les autorités maliennes sur ces attaques et ces meurtres doivent être menées dans les meilleurs délais et les responsables traduits en justice », demande M. Türk.

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