Vingt-quatre heures après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu avec Israël, le Parlement iranien a voté une loi pour limiter la coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Cette nouvelle loi pourrait faire réagir les pays occidentaux : les États-Unis en tête, mais aussi Israël, qui a menacé de reprendre ses frappes contre l’Iran si Téhéran reprenait ses activités nucléaires.
« L’AIEA, qui a refusé de condamner ne serait-ce qu’un peu l’attaque contre les installations nucléaires iraniennes, a compromis sa crédibilité internationale, a déclaré le président du Parlement, Mohammad Bagher Ghalibaf, cité par la télévision d’État, après le vote des députés. L’Organisation iranienne de l’énergie atomique suspendra sa coopération avec l’AIEA tant que la sécurité des installations nucléaires ne sera pas garantie », a ajouté ce responsable, sans donner de détails sur ces conditions.
Le Parlement accuse l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) d’avoir été partiale dans son dernier rapport sur le programme nucléaire iranien. Avec ce rapport, plusieurs responsables iraniens ont accusé le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, d’avoir donné un prétexte à Israël pour attaquer l’Iran, explique notre correspondant à Téhéran, Siavosh Ghazi.
Le texte de la loi a été voté avec 221 voix pour et aucune voix contre par le Parlement iranien. Il oblige le gouvernement à suspendre toute coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique, tant que la sécurité des sites n’aura pas été assurée. Cela signifie que les inspecteurs de l’AIEA ne seront plus autorisés à venir en Iran pour inspecter les sites nucléaires du pays, qui ont été lourdement frappés par Israël et les États-Unis, notamment les sites de Fordo, Natanz et Ispahan.

Le directeur général de l’agence onusienne a réagi en affirmant que la communauté internationale n’acceptera pas une telle décision. Rafael Grossi avait également demandé à l’Iran d’informer l’Agence de l’endroit où avaient été transférés les stocks d’uranium que l’Iran possède. Les craintes sont d’autant plus fortes que le 13 juin, date du lancement de l’offensive israélienne, le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi avait adressé à l’AIEA une lettre signalant la mise en place « de mesures spéciales pour protéger les équipements et la matière nucléaire ».
Le Parlement a aussi demandé l’accélération du programme nucléaire du pays. Cela intervient alors que le président iranien a affirmé que Téhéran était prêt à reprendre les discussions avec les États-Unis pour régler les problèmes entre les deux pays. Mais le président Trump a clairement affirmé que Washington ne permettra pas à l’Iran de faire de l’enrichissement d’uranium.
Ce mercredi soir, Emmanuel Macron reçoit le directeur général de l’AIEA à l’Élysée pour faire le point sur « l’état du programme » iranien après les frappes israéliennes et américaines sur les principaux sites nucléaires du pays. « À la suite des frappes récentes contre le programme nucléaire iranien, ils évoqueront l’état du programme, les risques radiologiques, le rôle de l’Agence et les moyens d’assurer le plein respect des normes de non-prolifération », a précisé la présidence française. Le président français « rappellera son soutien à Rafael Grossi et à l’AIEA pour assurer la sûreté et la sécurité nucléaire partout dans le monde ».
De son côté, l’armée israélienne a estimé, ce mercredi, qu’il était « encore tôt » pour évaluer les dommages causés au programme nucléaire iranien. « Je pense que nous avons infligé un coup dur au programme nucléaire, et je peux aussi dire que nous l’avons retardé de plusieurs années », a affirmé le porte-parole de l’armée israélienne, Effie Defrin. D’après des médias américains, les services de renseignement de leur pays auraient conclu que les frappes américaines n’avaient retardé le programme nucléaire iranien que de quelques mois.