Au Kenya, la tension ne retombe pas, deux jours après la répression sanglante des manifestations du 7 juillet, journée symbolique du Saba Saba, dédiée à la mémoire du soulèvement pro-démocratie de 1990.
Selon un nouveau bilan publié par la Commission nationale des droits de l’homme (KNCHR), 31 personnes ont été tuées, 107 blessées, et plus de 500 arrêtées à Nairobi et dans ses environs.
Les manifestations, initialement pacifiques, ont dégénéré en affrontements violents entre les forces de l’ordre et les manifestants, notamment dans les quartiers populaires de la capitale comme Ngong. Des témoins évoquent la présence de milices armées opérant aux côtés de la police, accusées d’avoir agressé les manifestants et saccagé des commerces, sous les yeux de forces de l’ordre restées passives.
L’ONU s’est dite « très perturbée » par l’usage de la force meurtrière, dénonçant des « meurtres » et rappelant que l’emploi d’armes létales par les forces de sécurité doit rester une mesure de dernier recours, conformément au droit international.
Face à la montée des critiques, le président William Ruto a durci le ton. Dans une déclaration officielle le 9 juillet, il a affirmé que les mobilisations cachaient un objectif plus grave : renverser son gouvernement avant l’élection présidentielle de 2027. Il a déclaré : « Enough is enough », soit « Trop, c’est trop », mettant en garde contre toute tentative de déstabilisation de l’État par des mouvements qu’il accuse d’être infiltrés et violents.
Depuis juin 2024, le pays est traversé par une vague de protestation contre une loi budgétaire controversée. Le mouvement, porté par une jeunesse mobilisée, dénonce le coût de la vie et la corruption. En un an, plus de 100 personnes ont perdu la vie dans ces mobilisations, selon des organisations de défense des droits humains.
La société civile, les ONG locales et internationales, ainsi que plusieurs experts réclament aujourd’hui une réforme urgente et en profondeur de la police kényane, qu’ils accusent de brutalité systématique et de violations massives des droits humains.