Japon/TICAD7 : « mendicité » des dirigeants, « honte » sur l’Afrique, selon un chercheur
Pour le Professeur Makau Mutua, la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD) est une honte pour l’Afrique. Le défenseur des droits de l’homme kényan conçoit mal que les dirigeants du continent y aient étalé leur « mendicité » à ces retrouvailles avec le Japon.
Les rideaux viennent de tomber sur la septième édition de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD) qui s’est tenue du 28 au 30 août à Yokohama au Japon.
Rencontre de haut niveau sur le développement de l’Afrique, la TICAD a été lancée par le Japon en 1993. La rencontre se tenait tous les 5 ans au Japon avant de passer à une programmation de trois ans alternativement avec l’Afrique.
Comme les six précédentes éditions, la TICAD 2019 aura été l’occasion de renforcer la coopération entre l’Afrique et le Japon. « Cette fois à la TICAD 7, nous espérons voir la coopération Japon-Afrique s‘épanouir et porter ses fruits. Demain, j’ai hâte de discuter de ce que nous devons faire maintenant », avait soutenu à l’ouverture Shinzo Abe, Premier ministre japonais.
Pour que cette coopération s‘épanouisse, il faut du concret. Et M. Abe semble s’y être préparé pour rassurer ses interlocuteurs africains. Comme en témoignent par exemple l’aide de plus de 400 000 dollars promise au Nigeria pour lutter contre la piraterie au large du Golfe de Guinée et la signature d’un accord avec la Côte d’Ivoire pour l’implantation d’une usine de montage de véhicules Toyota à Abidjan.
“Quand l’Afrique arrêtera-t-elle ces réunions de mendicité ?”
Du côté de l’Afrique, la satisfaction semble totale. À l’image du Premier ministre ivoirien Amadou Gon Coulibaly qui a salué le 27 juillet dernier au Conseil municipal de Yokohama, le soutien apporté par le Japon au développement de l’Afrique.
Ce qui n’est pas du goût de tous les Africains. Parmi les mécontents de la TICAD, un Kényan, le Professeur Makau Mutua, président du conseil d’administration de la Commission kényane des droits de l’homme.
« La TICAD est une honte pour l’Afrique. Quand l’Afrique arrêtera-t-elle ces réunions de mendicité ? Nous devrions avoir honte de nos dirigeants. Je ne peux pas comprendre comment les dirigeants africains peuvent célébrer cette atrocité ! C’est vraiment dommage ! » , a déploré dans un tweet l’agrégé en droit.
Et de proposer : « Faisons de l’Afrique une destination attrayante pour les investissements afin que nous puissions arrêter de mendier ».
C’est dire que la coopération telle que menée depuis les indépendances par les Africains avec l‘étranger semble avoir atteint ses limites. Au point que des filles et fils du continent voudraient emmener leurs dirigeants à revoir leur copie.