Qui disait y’en a marre? (Par Amadou Tidiane Wone)
Retenons en tous cas que ce glissement sémantique ne nous fera pas oublier l’impérieuse nécessité d’un dialogue véritable sur les fondements de la République post-coloniale et la remise en cause en profondeur de ses paradigmes. Tout le reste ne sera que lifting et fuites en avant.
Cela étant dit, il paraît que « des arabes vendent des noirs en Lybie » C’est tout au moins ce topo qui a été retenu à travers les réseaux sociaux. Et les principaux médias planétaires contribuent, méthodiquement, à installer ce raccourci dans nos têtes et dans nos cœurs. Une vidéo d’un animateur célèbre de RFI fait le buzz sur le registre de l’indignation. A partager « obligatoirement ». Certains internautes ajoutent cette injonction à leurs commentaires et mettent en demeure leurs « amis », au risque d’être déchus de ce titre, s’ils ne partageaient pas la vidéo en question. Je suis désolé! Tout cela sent la manipulation. À quelles fins? On finira par le savoir! En attendant, on nous en a fait oublier que les Libyens et nous étions tous africains! L’Union africaine devrait se pencher sur cette crises et tant d’autres en suspens.
Cela étant, les bonnes questions seraient les suivantes:
Qui avait promis le Paradis au peuple Libyen en échange de l’assassinat de Mouammar Al Khadaffi? Qui sont les vrais responsables de la tragédie libyenne ?
Pourquoi les jeunes africains préfèrent-ils affronter l’enfer qu’est devenu la Libye que de rester dans leurs pays d’origine? Partir! Avec pour seul horizon le mirage européen et les risques de noyades dans la Méditerranée? Qu’ont-ils laissé derrière eux de si désespérant ?
Voilà les questions auxquelles aurait dû répondre la Conférence sur la paix et la sécurité qui vient de se terminer à Dakar en présence, justement, des chefs d’Etat des principaux pays pourvoyeurs de candidats à l’immigration par la voie libyenne.
Ne nous distrayions pas!
L’équation est simple: les jeunes africains veulent partir parce que les dirigeants africains ne leurs offrent aucune perspective. Ils
fuient le désespoir en bonne connaissance de ce qui les attend. Ceux qui ne peuvent pas, pour des tas de raisons partir, deviennent des recrues faciles pour les marchands d’illusions : qu’on les appelle « jihadistes » ou qu’ils soient des narco-trafiquants. Ne cherchons pas midi à quatorze heures : Les dirigeants africains sont les seuls responsables des tragédies humanitaires qui défigurent ce beau continent. Ils se complaisent dans des postures de Chefs d’Etats dont le budget est l’équivalent de celui d’une Université américaine moyenne. Et ça parade et ça discours. Et ça empoche des commissions dans des deals sur nos ressources naturelles et ça case les amis et les…frères pendant que leurs peuples se meurent.
On comprend pourquoi Macron se fait représenter par son Ministre des Affaires étrangères ! Lui dont les armées et les entreprises réoccupent nos pays sans frais. Avec, en prime, les sourires « bananias » de nos chefs.
Qui disait y’en a marre?
Amadou Tidiane WONE