Demain, un implant pour remplacer le pancréas des diabétiques ?
Un implant qui viendrait prendre la place du pancréas malade, dans le ventre du patient, pourra-t-il un jour traiter le diabète ? Le projet évoque l’homme bionique mais il est déjà l’objet de recherches avancées pour trois équipes dans le monde, dont une en France. Le point sur cette piste prometteuse, à l’occasion de la journée mondiale du diabète, le 14 novembre.
Lorsque le pancréas est déficient, cela oblige la personne à s’injecter plusieurs fois par jour l’insuline que cet organe ne produit plus, ou à subir des traitements lourds comme la greffe issue d’un donneur. L’insuline est en effet indispensable à la régulation du taux de sucre (glucose) dans le corps humain.
L’enjeu d’un implant est considérable si l’on pense aux 25 millions de personnes dans le monde touchées par le diabète de type 1 selon l’Organisation mondiale de la Santé, dont 300 000 en France. Les personnes souffrant d’un diabète de type 2, elles, ne sont pas concernées car elles peuvent être soignées avec des médicaments pris par voie orale.
Ce dispositif médical, destiné à être placé à l’intérieur de l’abdomen, est qualifié de pancréas « bio-artificiel ». « Artificiel » car formé d’une matière polymère synthétique, et « bio » car remplissant une fonction biologique, celle du pancréas. Cette solution est plus ambitieuse que celle d’un pancréas artificiel externe comme Diabeloop, qui se fixerait sur le bras ou le ventre. Elle vise à offrir au patient la vie la plus normale possible.
Un organe bio-artificiel, au stade du prototype
Actuellement, trois pancréas bio-artificiels sont en cours de développement dans le monde : l’un aux États-Unis, un autre en Israël et un troisième, en France. Breveté par la start-up alsacienne Defymed, le dispositif baptisé Mailpan est actuellement étudié dans notre équipe Physique, mécanique et plasticité, à l’Institut Jean Lamour (IJL-Campus Artem) de Nancy, pour la validation de ses propriétés mécaniques. Sur ce projet, l’IJL travaille au sein d’un consortium de la région Grand Est regroupant plusieurs partenaires académiques et industriels.
Le pancréas bio-artificiel se présente sous la forme d’un disque composé de deux membranes. Isabelle Royaud/Université de Lorraine
Ce pancréas bio-artificiel se présente sous la forme d’une petite poche de forme ronde, pas plus grosse qu’un CD. Déjà testé sur des rongeurs, il pourra être implanté chez des patients volontaires une fois que l’entreprise aura obtenu l’autorisation pour des essais cliniques. Il délivrera alors de manière autonome l’insuline en réponse à un taux élevé de glucose dans le sang. Un tel système doit permettre de soulager le malade de la contrainte lourde de surveiller sa glycémie plusieurs fois par jour et de se piquer chaque fois que nécessaire.
L’implant, donc, consiste en un disque de polymère ultrafin. Il est composé de deux membranes circulaires en thermoplastique soudées entre elles et formant une poche hermétique. Ces membranes encapsulent des cellules de pancréas sécrétrices d’insuline cultivées en laboratoire, d’origine humaine ou animale.