Découvrez Umoja, le village kenyan interdit aux hommes
Un havre de paix et d’indépendance
En 1990, les femmes se sont unies en communauté et ont créé Umoja, qui signifie « unité » en kiswahili. Parmi les quinze fondateurs, Rebecca Lolosoli, victime de viols par des soldats britanniques, tout comme les autres. Elle a ensuite été battue par un groupe d’hommes qui l’ont accusée de sensibiliser les femmes sur leurs droits. C’est ce qui l’a poussée à créer ce refuge. Aujourd’hui, le village accueille des femmes qui ont été victimes de mariages précoces, de mutilations génitales, de viols ou de violences domestiques.
Aujourd’hui, le village s’est fait connaître et est devenu un lieu d’hébergement touristique. Ses habitants vivent de façon autonome dans des huttes, construites par elles-mêmes, sans eau potable. Le sexe est accepté mais seulement à l’extérieur du village. Les filles sont les seules enfants qui sont acceptées dans ce village et elles peuvent aller à l’école. La communauté gagne de l’argent grâce au tourisme.
Une démocratie participative 100% féminine
Les habitants d’Umoja ont construit une véritable démocratie participative 100% féminine. Les Tumaï représentent le conseil fondateur des femmes, qui compte aujourd’hui plus de 58 membres pour une population totale de 150 personnes (dont 90 enfants et adolescentes). Ainsi, que ce soit pour les achats, l’envoi des enfants à l’école ou toute autre décision, un débat et un vote à main levée sont organisés.
Une organisation économique prospère
Umoja a une économie plutôt prospère. Les femmes ont des troupeaux de chèvres. Afin de protéger leurs animaux, elles ont construit des barrières à l’aide des branches d’acacia autour de leurs huttes. De même, en tant que lieu touristique, les Tumaï vivent de leur artisanat.
Pour se protéger des attaques des hommes qui jugent ce village immoral et provocateur, elles ont recruté trois hommes qui assurent leur protection. Leur viabilité économique, qui provoque la jalousie, ainsi que leur rejet des coutumes traditionnelles telles que l’excision et le mariage précoce, mettent en danger cette communauté pacifique.
Umoja, bien que précurseur dans sa quête des droits des femmes, a vu émerger d’autres communautés parallèles qui étaient plus tolérantes envers les hommes. Par exemple, à proximité se trouve le village de Nang’ida, qui signifie « Bonheur ». Ce village tolère le retour des maris, mais dans des conditions bien définies. Ainsi, ce village prône le partage asexué des tâches.
Dans un pays comme le Kenya, où l’on sait que la violence touche près d’une femme sur deux, cette communauté est au moins un exemple de progrès en termes d’autonomie des femmes. Elle prouve sa capacité à créer une économie prospère et une démocratie pacifique. C’est un grand pas en avant en faveur des droits des femmes dans la région. Reste à voir si elle réussira à diffuser ses idées féministes au-delà de son territoire.
Crédit photo : howafrica