Cameroun: contestation dans les régions anglophones sur fond de slogans indépendantistes
Au Cameroun, ce dimanche 1er octobre, a été une nouvelle journée de contestation dans les deux provinces anglophones du sud-ouest et du nord-ouest du pays. Cette journée coïncide avec l’anniversaire de la réunification des zones anglophone et francophone du Cameroun, le 1er octobre 1961. On est passé d’une fronde socio-politique, au début de la crise, à des slogans indépendantistes, aujourd’hui.
Les autorités ont déployé, en masse, depuis samedi, des forces de sécurité, des policiers mais aussi des militaires. Elles ont également interdit tout regroupement public ainsi que la circulation entre les villes anglophones. Tout cela, sans parvenir, cependant, à dissuader les manifestants.
La situation, selon divers témoignages recueillis sur le terrain, autant à Bamenda qu’à Buéa, est globalement restée calme jusqu’en fin de matinée de ce dimanche. Les populations se sont terrées chez elles à tel point qu’une ville comme Bamenda, qui compte environ 10 000 habitants, était quasiment une ville fantôme.
Dans la ville de Buéa, capitale du tourisme du Cameroun anglophone, c’est le même déploiement sécuritaire. Mais des groupes de manifestants se sont tout de même montrés, drapeau de l’indépendance entre les mains. Des bâtiments de guerre de la marine patrouillent par ailleurs au large de la ville de Limbé où les indépendantistes se sont donc fait plutôt discrets. Cependant, la tension demeure très vive dans les deux régions.
Un gros incident est cependant à signaler. Il s’agit de l’incendie qui s’est déclaré, dans la nuit de samedi à ce dimanche, dans l’enceinte de la prison de Kumbo, près de Bamenda. Impossible, pour l’heure, de dire si cet incendie était accidentel ou pas. Les prisonniers ont tous été transférés, ce dimanche matin, dans la prison de Bamenda.
Appels à l’indépendance
Joint par RFI dans la journée, un habitant de Buéa qui s’apprêtait à rejoindre la place de l’indépendance de la ville et qui a tenu à conserver l’anonymat, a témoigné sur la journée de mobilisation dans cette grande ville anglophone du sud-ouest du Cameroun.
« Les gens sont en train de se rassembler au carrefour de Malingo. Nous sommes environ 300 mais beaucoup viennent aussi des quartiers de Muyia et Ikona. Nous prévoyons d’aller ensemble à la place Bongo, la place de l’indépendance, pour proclamer notre indépendance. Il ne s’agit pas de manifester mais de célébrer cette journée car le 1er octobre 1961, les Nations unies ont voté notre indépendance. Chacun a une feuille de palmier dans une main et un drapeau de l’ONU dans l’autre. Nous n’avons pas encore rencontré la police mais nous sommes extrêmement déterminés. Qu’il y ait des tirs ou non, nous irons à la place de l’indépendance ! », a-t-il affirmé.
Unité et indivisibilité
En réponse aux manifestations et appels à l’indépendance des régions anglophones du Cameroun, les parlementaires du pays, députés et sénateurs, se sont rassemblés sur un site hautement symbolique de Yaoundé, celui du monument de la réunification des zones anglophone et francophone du Cameroun.
La cérémonie a débuté en début d’après-midi de ce dimanche, au pied du monument de la réunification. Habillés, pour la circonstance, aux couleurs vert, rouge et jaune du drapeau camerounais, les élus des deux chambres du Parlement – députés et sénateurs – se sont donné rendez-vous pour réaffirmer, a-t-on entendu ici, « l’unité et l’indivisibilité » du Cameroun.
Un peu partout dans les autres régions du pays, c’est la même mobilisation. Des meetings qui magnifient les vertus de l’unité et du dialogue sont organisés. Sur les réseaux sociaux, on a invité les populations à s’afficher avec les drapeaux et faire, en quelque sorte, un branle-bas de combat absolument inédit sur l’impératif de l’unité qui n’a jamais autant été aussi menacée comme ces derniers jours