Au Cameroun, Biya refuse le dialogue avec Kamto
Un dialogue entre le chef de l’Etat camerounais, Paul Biya et l’opposant Maurice Kamto ? Le ministre camerounais de la Communication René Sadi, invité sur RFI, n’a pas fait de détour autour de la question. Aucune rencontre n’aura lieu entre le président et son opposant.
Déjà près de deux mois que l’opposant Maurice Kamto est emprisonné au Cameroun. Alors que Yaoundé l’accuse de faits de droit commun dont « insurrection, rébellion » ou encore « hostilité contre la patrie », l’opposant décrie un procès politique et souhaite une rencontre avec le chef de l’Etat Paul Biya, de l’aveu de son avocat.
Une requête qui risque de ne jamais être satisfaite, comme l’a souligné ce mardi le ministre camerounais de la Communication sur les ondes de la radio RFI. « Nous demandons à monsieur Moretti, qui n’est pas venu au Cameroun comme médiateur, et qui au demeurant se défend d’être un donneur de leçons ou un incendiaire, de s’en tenir strictement à la mission qui est la sienne, c’est-à-dire assurer la défense de ses clients devant la justice camerounaise », a-t-il répondu à la question du journaliste quant à la réaction du président Biya à propos de la demande faite par Maurice Kamto.
Pour le porte-parole du gouvernement camerounais, il n’est point question de mettre le président Biya « sur un même pied d’égalité que monsieur Kamto » qui est « un citoyen comme tout le monde », a-t-il martelé. Le ministre René Emmanuel Sadi réagissait ainsi aux propos tenus par l’avocat français de Maurice Kamto, Eric Dupont-Moretti. Samedi, ce dernier estimait que la procédure contre son client est “une situation ubuesque qui peut se régler avec un peu de bonne volonté”.
Les “inquiétudes” de Washington
Dans des propos plus nuancés, Washington a réaffirmé lundi à Yaoundé ses “inquiétudes” suite à l’arrestation de l’opposant et de ses partisans et “encouragé” le Cameroun “à garantir le droit à une procédure juste, à manifester pacifiquement et à la liberté d’expression”, a écrit sur son compte Twitter le secrétaire d‘État américain adjoint aux affaires africaines, Tibor Nagy, à l’issue de sa rencontre à Yaoundé avec le président Biya.
Le principal opposant au chef de l’Etat Paul Biya après la présidentielle d’octobre, à laquelle il est officiellement arrivé deuxième mais dont il revendique la victoire, a été arrêté avec environ 150 manifestants à la suite d’une marche pacifique le 26 janvier.
Ils protestaient contre la victoire du président sortant, 86 ans dont 36 au pouvoir, à cette présidentielle qualifie par M. Kamto de “hold-up électoral”.
Tous ont été présentés mi-février devant le tribunal militaire de Yaoundé, où ils ont été inculpés pour “hostilité contre la patrie” et “insurrection”, selon leurs avocats.