Assassinat de Charlie Kirk : le directeur du FBI sous le feu des critiques

Deux jours après l’assassinat de l’influenceur politique Charlie Kirk lors d’un débat public à l’université Utah Valley, des centaines d’agents du FBI sont aux trousses d’un suspect dont on sait bien peu de choses. Les seuls indices que le bureau fédéral a été en mesure de présenter jusqu’ici sont l’arme de crime, qui a été retrouvée dans un bosquet, ainsi que la trace d’une chaussure et d’une paume de main à proximité du fusil qui a servi à abattre l’influenceur d’extrême droite. Le bureau fédéral a également publié une photo du suspect tiré de caméra de vidéosurveillance.

À peine quelques minutes après le meurtre, le directeur du FBI s’était pourtant empressé d’annoncer sur X, dans un tweet depuis effacé, que le coupable avait été appréhendé par la police et qu’il était en garde à vue avant de se rétracter. Un homme a bien été arrêté sur le campus, mais il a été rapidement relâché après avoir été interrogé. Cet empressement inhabituel d’un patron du FBI à communiquer sur une affaire en cours sans se coordonner avec ses services à fait une nouvelle fois remonter les procès en incompétence dont est l’objet ce proche de Donald Trump depuis sa nomination. Au sein de l’agence, on pointe son obsession pour les réseaux sociaux et son mélange des genres, lui qui a tendance à mêler la politique au travail de police.

Une enquête, peu de pistes

Face à une enquête qui semble pour le moment au point mort, les autorités cherchent à faire bonne figure. Présent à New York pour les commémorations du 11-Septembre, Kash Patel s’est envolé dans la foulée pour l’Utah où il s’est rendu sur la scène du crime. À 19h30, heure locale, le gouverneur de l’État Spencer Cox a donné une conférence de presse d’une dizaine de minutes sans qu’aucune question ne soit autorisée. L’élu républicain a promis d’exiger la peine de mort pour le coupable et s’est réjoui des 7 000 signalements reçus par la police. Preuve que l’enquête patine, le FBI a annoncé qu’une récompense pouvant aller jusqu’à 100 000 euros pour toute information permettant d’appréhender le coupable.

Tout au long de ces dix minutes, le directeur du FBI est resté aux côtés du gouverneur, droit comme un « i »  et les yeux dans le vague, sans dire un seul mot. Après le raté de l’annonce de la « vraie fausse » l’arrestation d’un premier suspect, l’attitude de l’ancien avocat de 45 ans et surtout sa capacité à gérer la plus grosse affaire qu’il a eu à diriger jusque maintenant suscite de nombreux doutes. Une source à la Maison Blanche a notamment déclaré à l’agence Reuters, que l’annonce de Kash Patel sur X était non professionnelle et que « ses agissements sont vraiment inacceptables pour la Maison Blanche et le public américain » et qu’ils feront l’objet de mesures. Des déclarations jugées « méprisables » par la porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt qui a volé au secours du directeur du FBI en affirmant qu’il avait tout le soutien de Donald Trump.

Aux côtés du gouverneur de l'Utah, Spencer Cox, le directeur du FBI Kash Patel n'a pas prononcé un seul mot lors d'un point presse à l'université Utah Valley, le 11 septembre 2025.
Aux côtés du gouverneur de l’Utah, Spencer Cox, le directeur du FBI Kash Patel n’a pas prononcé un seul mot lors d’un point presse à l’université Utah Valley, le 11 septembre 2025.Getty Images via AFP – MICHAEL CIAGLO

La défiance à l’égard de Kash Patel remonte cependant à plus loin. Sa nomination avait été rapidement pointée du doigt par les démocrates s’inquiétant du manque de compétence de cet ancien procureur fédéral pour le poste, mais aussi d’une nomination politique visant d’abord à purger l’agence fédérale d’agents considérés comme hostiles à Trump. Sa confirmation par le Sénat avait été obtenue de justement à 51 voix contre 49. Deux sénatrices républicaines avaient même voter contre lui.

La méthode Patel pointée du doigt

L’enquête sur l’assassinat de Charlie Kirk fait encore monter d’un cran la polémique autour de l’efficacité et des méthodes controversées de Kash Patel. En fidèle parmi les fidèles de Trump, dès son arrivée à la tête du FBI, Patel a licencié des dizaines d’employés de l’agence, pourtant traditionnellement politiquement indépendante, parce qu’ils étaient considérés comme insuffisamment loyaux envers le président américain. À peine quelques heures avant la mort de Charlie Kirk ce mercredi, trois anciens hauts responsables du FBI, parmi les plus expérimentés de l’agence, ont intenté un procès contre Kash Patel et la procureure générale Pam Bondi, les accusant de les avoir licenciés illégalement, rapporte le New York Times.

Plus troublant encore, MSNBC avait révélé au mois d’août, que Mehtab Syed, une ancienne agente du contre-terrorisme très estimée, nommée en février à la tête du bureau local de Salt Lake City qui couvre la zone de l’université d’Utah Valley, avait été contrainte par l’équipe de Kash Patel de prendre sa retraite pour des raisons qui restent floues.

Au lendemain de la mort de Charlie Kirk, le patron du FBI a en tout cas laissé entrevoir l’intense pression à laquelle il était soumise pour retrouver le coupable. Toujours selon le New York Times, lors d’une réunion en visioconférence avec les quelque 200 agents du FBI à travers le pays travaillant sur cette chasse à l’homme, Kash Patel a vertement réprimandé ses subordonnés et s’est indigné que les agents de Salt Lake City aient attendu près de 12 heures avant de lui montrer une photo du meurtrier présumé, selon trois personnes proches de l’échange. Il aurait également déclaré qu’il ne tolérerait plus aucune « opération Mickey Mouse », a rapporté un autre témoin, qui précise qu’il s’agissait d’une de ses rares déclarations sans grossièreté. Car pour Kash Patel, l’enjeu n’est plus seulement de retrouver l’assassin de Charlie Kirk, il est aussi désormais de prouver qu’il est à la hauteur de la tâche.

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