La FIFA vient de franchir une nouvelle étape dans sa lutte mondiale contre le racisme avec l’installation officielle du Panel des Voix des Joueurs, un groupe composé de 16 anciennes gloires du football international. Ces personnalités, issues de toutes les régions du monde et du football féminin comme masculin, ont pour mission de devenir les porte-voix d’un changement culturel profond. Leur rôle sera de conseiller, d’éduquer et de soutenir les initiatives mises en place pour éradiquer le racisme dans le football. Ce panel s’inscrit dans le cadre de la « Global Stand Against Racism », adoptée à l’unanimité par les 211 associations membres de la FIFA lors du dernier Congrès à Bangkok, et représente le cinquième pilier de cette stratégie globale. La composition de ce panel reflète la diversité et la représentativité que la FIFA veut mettre en avant dans son combat.
On y retrouve des figures emblématiques telles que George Weah, président du Liberia et capitaine honoraire du groupe, Didier Drogba, Blaise Matuidi, Emmanuel Adebayor, Mikaël Silvestre, Formiga, Iván Córdoba, Juan Pablo Sorin, Aya Miyama ou encore Briana Scurry. Chacun de ces anciens joueurs et joueuses mettra son expérience et son vécu personnel au service d’un projet collectif visant à faire tomber les barrières de la discrimination. « Les joueurs seront au cœur du mouvement nécessaire pour concrétiser ce changement », a affirmé le président de la FIFA, Gianni Infantino, en saluant l’engagement de ces légendes. Pour rappel, un rapport accablant a récemment été publié. La saison 2024/25 a enregistré 1 398 signalements de discrimination (toutes formes confondues : profession amateur, professionnel et ligne), soit un record selon Kick It Out. Parmi ceux-ci, 452 proviennent du football professionnel, en légère hausse par rapport à 440 l’année précédente.
Une initiative aux multiples facettes
Les missions confiées au panel sont multiples. Il s’agira non seulement de suivre et conseiller les stratégies de lutte contre le racisme, mais aussi de développer des initiatives éducatives, de contribuer à la réforme des règlements et d’amplifier la voix des victimes. Le panel servira de laboratoire d’idées, en mettant l’accent sur l’impact humain du racisme dans le football, aussi bien sur les joueurs que sur l’ensemble des acteurs du sport. En parallèle, il défendra la campagne mondiale Global Stand Against Racism, qui vise à garantir que les mesures antiracistes soient appliquées avec cohérence et fermeté dans toutes les compétitions et dans tous les contextes. Ce projet s’appuie sur une stratégie globale articulée autour de cinq piliers clés : l’adoption de règles et sanctions renforcées, l’action concrète sur le terrain, le renforcement des poursuites criminelles, la généralisation de l’éducation et, désormais, la mobilisation de la voix des joueurs. Les récentes révisions du Code disciplinaire de la FIFA en témoignent : amendes considérablement augmentées, meilleure responsabilisation des clubs et fédérations, et inclusion dans la réglementation de la procédure anti-discrimination en trois étapes.
La FIFA a également renforcé son service de protection des médias sociaux, qui a déjà analysé des millions de publications et transmis des dossiers de preuves pour poursuites dans le cadre d’abus racistes en ligne. A moins d’un an de la Coupe du Monde 2026, la FIFA veut éviter le fiasco en ligne vécu lors de l’édition au Qatar. Pour rappel, le service de protection des médias sociaux de la FIFA a scanné plus de 20 millions de messages sur Twitter, Instagram, Facebook, TikTok et YouTube, en repérant 19 636 publications confirmées comme abusives, discriminatoires ou menaçantes, et signalées aux plateformes durant la compétition en décembre 2022. Entre août 2020 et avril 2021, 46,6 % des joueurs brésiliens en clubs de première division en Espagne ayant un Instagram ouvert aux commentaires ont reçu des propos jugés racistes. Les taux étaient de 33,3 % en France et 24 % au Royaume-Uni. À l’échelle mondiale, 60 % des fans approuvent la déduction de points pour les clubs dont les supporters sont responsables d’abus racistes, et 74 % estiment que la FIFA devrait tenir compte de ces antécédents pour l’attribution des compétitions internationales, selon une enquête Kick It Out / Forza Football. Au-delà des sanctions, une attention particulière est portée à l’éducation et à la prévention, notamment auprès des jeunes.
The 16-strong group comprising legends of the men’s and women’s games has been revealed, each of whom is fully committed to bringing an end to racism in football.

Le programme Football for Schools intègre désormais des ressources pédagogiques sur la lutte contre la discrimination, et un nouvel outil d’apprentissage en ligne destiné aux associations membres sera lancé prochainement. Le Panel des Voix des Joueurs aura un rôle crucial dans la diffusion de ces messages éducatifs, en intervenant notamment lors des tournois de jeunes organisés par la FIFA. À travers ce dispositif, l’instance mondiale veut démontrer que le football n’est pas seulement un sport, mais aussi un vecteur d’unité et de progrès social. Comme l’a rappelé George Weah, « le football est la vie ». C’est cette conviction que la FIFA souhaite transformer en un levier d’action durable contre le racisme, sur et en dehors du terrain. En s’appuyant sur l’expérience des légendes du jeu, en renforçant les sanctions, mais aussi en misant sur l’éducation, la FIFA se donne les moyens de bâtir une culture plus respectueuse et inclusive. Reste à transformer cette volonté en résultats tangibles, sur le terrain comme dans les tribunes. Si les paroles sont enfin suivies d’actes, ce projet pourrait marquer un tournant décisif vers un football où la passion l’emporte toujours sur la haine.