Entre résilience et inquiétude : Comment les Sénégalais d’Israël vivent la guerre

Georges Camara et Alpha Oumar Dieng sont établis en terre israélienne depuis, respectivement, 20 et 3 ans. Le premier est basé à Haïfa, le second à Tel-Aviv. Ils racontent à L’Observateur comment ils vivent le conflit qui secoue le Moyen-Orient et fait trembler le monde. Extraits.

 

Georges Camara, 20 ans en Israël : «J’ai écrit au ministère des Affaires étrangères»

«Je suis dans la ville de Haïfa. Ça fait plus de 20 ans que je suis en Israël. C’est la quatrième guerre qui me trouve ici après celles de 2006, 2012, du 7 octobre et celle-ci qui a débuté le vendredi dernier. Les attaques se poursuivent et ça ne fait même pas 10 minutes qu’on était dans les abris (l’entretien s’est déroulé mardi soir). Selon les informations, au début ils envoyaient par centaines de missiles, mais ça s’est beaucoup réduit.

«Nous sommes bien en sécurité ici. Vous savez, en Israël, les nouvelles constructions intègrent des abris qu’on appelle les « Mamads ». C’est des pièces renforcées dans les habitations conçues pour servir d’abris en cas d’alerte aux roquettes ou d’attaques. Donc, dès qu’il y a la sirène, les gens trouvent refuge là-bas. Notre quotidien a un peu changé depuis les attaques.

«En ville, on sent un peu que la vie est un peu morose, mais il y a les bus qui circulent et des magasins ouverts. C’est seulement les écoles et l’administration publique qui sont fermées, pour le moment, en attendant que la situation se calme. Mais sinon, une fois au travail, on ne sent pas trop la différence entre la vie normale quand il n’y avait pas de guerre et celle de maintenant avec la tension entre l’Iran) et l’Israël.

«Cependant, la sécurité, c’est d’abord une affaire personnelle. Chacun doit se préoccuper de sa propre sécurité en se mettant à l’abri quand il reçoit l’alerte. C’est pour ça qu’il y a les abris. Les gens continuent de vaquer à leurs activités, d’autres font leur petit sport, et dès qu’il y a l’alerte tout le monde se met à l’abri et n’en ressort que lorsque le menace passe.

«Aujourd’hui, cette situation n’a rien changé des relations qu’on avait avec les Israéliens. Nos voisins se préoccupent de nous et on fait de même. Et les autorités ont donné des consignes très claires. Quand on demande de ne pas sortir, la plupart des habitants ne sortent pas et ils restent chez eux, s’ils ne sont pas au travail.

«Pour ce qui est de nos compatriotes, on n’est pas nombreux ici, mais on partage les informations avec nos groupes WhatsApp. Tout le monde se porte bien pour le moment. Personnellement, j’ai appelé mes amis, mes compatriotes qui sont à Tel-Aviv pour me renseigner. Mais ils m’ont assuré qu’ils vont bien. J’ai même écrit à notre ministre des Affaires étrangères pour lui passer les informations.»

 

Alpha Oumar Dieng, 3 ans en Israël : «Revenir au Sénégal n’est pas encore à l’ordre du jour»

«Je suis originaire du Saloum plus précisément au village Keur Soutoura, près de Ndoffane. Je suis en Israël depuis 3 ans à Tel-Aviv. Le vendredi matin, on était parti travailler, c’est au soir, à la descente qu’on nous a envoyé des messages afin qu’on ne vienne pas travailler, si les bombardements continuent. C’est pour cela que beaucoup ne sont pas partis au travail le samedi. Mais on ne savait pas grand-chose de la situation parce qu’à ce moment, l’Iran n’avait pas encore commencé à riposter. Mais depuis la riposte iranienne, beaucoup d’entreprises ne travaillent plus.

«En tant que Sénégalais, nous n’avons pas encore de soucis à se faire. Nous attendons que la situation se calme pour reprendre le travail. Il y a un système d’alerte à chaque fois que le danger s’approche des villes, comme le largage de missiles iraniens. Dans nos téléphones avec un numéro israélien, il y a un message qui annonce l’alerte afin que toutes les précautions soient prises par la personne. Cette alerte dure entre 5 et 10 minutes. Il y a des abris souterrains qui permettent aux populations de se protéger du danger. On n’a pas d’abris dans notre appartement, mais à côté, il y en a et c’est là que je me réfugie jusqu’à ce que les choses se calment. Certains mêmes préfèrent venir s’installer avec leurs bagages pour éviter les déplacements fréquents.

«Il n’y a pas beaucoup de Sénégalais en Israël, mais tout le monde se connaît et on partage les informations dans notre groupe WhatsApp qui ne rassemble pas uniquement des Sénégalais, il y a des Maliens, des Guinéens, etc. qui sont à Tel-Aviv. Cependant, revenir au Sénégal à cause de cette guerre n’est pas encore à l’ordre du jour. Et je sais que nous aurions la possibilité de quitter Israël si la situation l’imposait. Chose qui serait facile pour nous car l’État israélien aiderait toute personne qui s’approcherait des autorités compétentes dans ce sens.

«Pour le moment, il y a quelques avions qui viennent, mais ce n’est pas à la portée de toutes les bourses. Nous espérons que le calme va très vite revenir afin que les gens retournent à leurs occupations quotidiennes. C’est la recherche de bunker qui perturbe un peu quand l’alarme est déclenchée, mais les gens se soutiennent dans ce sens. Nous souhaitons que ce conflit finisse vite parce que nous les étrangers, c’est le boulot qui nous retient dans ce pays d’accueil. Et notre sécurité va avec le travail sinon on ne pourra pas subvenir à nos besoins.»

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