Le Mali, troisième producteur d’or d’Afrique : Pourquoi un pays riche en ressources minières est-il l’un des plus pauvres au monde ?
Le Mali, l’un des plus grands producteurs d’or d’Afrique, se classe actuellement parmi les trois premiers producteurs du continent, après l’Afrique du Sud et le Ghana. Pourtant, malgré cette position enviable dans l’industrie minière, le pays demeure l’un des plus pauvres du monde. Cette contradiction entre la richesse en ressources naturelles et la pauvreté persistante du pays soulève des interrogations profondes sur la gestion de ses ressources et le manque de développement économique durable.
La situation du secteur minier a été marquée par une période d’incertitude réglementaire, notamment avec la suspension des titres miniers en 2022 et l’adoption d’un nouveau code minier en 2023. Toutefois, avec la mise en place des décrets d’application du nouveau code, le secteur semble sur le point de se redynamiser. Une réforme qui vise à renforcer la transparence et à maximiser les retombées économiques pour le pays, en révisant les redevances minières et les obligations fiscales afin d’augmenter les recettes publiques. Elle prévoit également une augmentation de la participation de l’État malien dans les nouveaux projets miniers, une mesure destinée à garantir une part plus conséquente des bénéfices pour le pays.
Avec un cadre réglementaire stabilisé, plusieurs compagnies minières, tant nationales qu’internationales, ont exprimé leur intérêt pour explorer de nouveaux gisements et développer des projets à grande échelle. La dynamique pourrait permettre une augmentation substantielle de la production aurifère, consolidant ainsi la place du Mali parmi les leaders mondiaux dans le domaine. Toutefois, la mise en œuvre de tels projets reste soumise à des défis considérables, notamment l’instabilité sécuritaire qui persiste dans certaines zones minières, ce qui pourrait freiner l’afflux d’investissements étrangers. En outre, la question de la répartition équitable des bénéfices générés par ces projets demeure cruciale. Si les communautés locales ne profitent pas des retombées de l’exploitation minière, cela pourrait entraîner des tensions sociales et exacerber les inégalités.
La volonté du gouvernement malien de contrôler les ressources naturelles du pays est également illustrée par l’affaire récente impliquant Barrick Gold. En décembre 2023, la justice malienne a émis un mandat d’arrêt à l’encontre de Mark Bristow, le PDG de la compagnie, pour « blanchiment de capitaux » en lien avec l’exploitation du complexe aurifère de Loulo-Gounkoto, l’un des plus importants du pays. Quatre employés maliens de la compagnie ont été placés en détention à la fin du mois de novembre, et un mandat d’arrêt a également été délivré contre le directeur général malien du complexe, Cheikh Abass Coulibaly. Le conflit entre Barrick Gold et l’État malien souligne la pression croissante exercée sur les compagnies minières étrangères, dans un contexte où le pouvoir actuel cherche à garantir un partage plus équitable des bénéfices économiques générés par l’exploitation des ressources naturelles.
Le Mali, malgré ses vastes ressources aurifères, reste un des pays les plus pauvres au monde, ce qui soulève des questions sur la manière dont ses richesses sont gérées. Le secteur minier représente une part essentielle des revenus de l’État, mais la gestion inefficace, la corruption et l’instabilité politique continuent d’entraver le développement. Le nouveau code minier, avec ses réformes destinées à rendre le secteur plus transparent et à augmenter la part des bénéfices revenant à l’État, pourrait être un levier pour un développement économique plus inclusif. Cependant, pour que l’exploitation minière profite véritablement à la population malienne, il faudra surmonter les défis liés à la sécurité, à la corruption et à la mauvaise gestion des ressources. Si ces obstacles sont franchis, le Mali pourrait enfin transformer ses ressources naturelles en un moteur de développement durable, apportant des bénéfices tangibles à ses citoyens.