Procès Thomas Sankara : Ce qui rend difficile voire impossible la comparution de Blaise Compaoré…
L’assassinat de Thomas Sankara survenu en 1987 sera élucidée à l’occasion d’un procès dont la date reste à déterminer. Le dossier a été renvoyé mardi dernier devant le tribunal militaire de Ouagadougou.
Au total, quatorze accusés répondront des crimes d’attentat à la sûreté de l’État, complicité d’assassinat et recel de cadavre.
Parmi eux, l’ancien président du Burkina Faso dont la présence au procès est la chose la plus discutée. Mais son absence n’empêchera nullement sa tenue.
Enseignant de Droit public à l’Université Thomas Sankara, Luc Marius Ibriga affirme dans un entretien avec libreinfo lu à Dakaractu qu’il ne peut en être autrement, car « il y a eu mandat d’arrêt international qui a été lancé contre Blaise Compaoré qui normalement devrait être exécuté par les autorités ivoiriennes. »
Mais sa nationalité acquise rend la tache difficile aux autorités ivoiriennes qui ne pourront pas extrader un national.
Pour le professeur de droit public, une telle tournure relève du rêve. « Il ne faut pas rêver de voir que la Côte d’Ivoire va nous extrader Blaise Compaoré », semble se résigner le Pr Ibriga selon qui, le seul à décider de sa présence ou non, c’est Blaise Compaoré lui-même. « Il faut qu’il le fasse, car il a été un des plus hauts responsables de ce pays. Il a toujours dit qu’il faisait confiance à la justice, il n’y a pas de raison qu’à ce niveau, il ne vienne pas porter la contradiction par rapport aux chefs d’accusation qui pèsent sur lui », demande-t-il à l’ancien président.
Interpellé sur la loi d’amnistie votée en 2012 pour les chefs d’État burkinabé, le professeur de droit public exclut Blaise Compaoré des bénéficiaires. « L’amnistie prévue à l’article 168-1 de la loi de révision de la Constitution dit qu’une amnistie pleine et entière est accordée aux chefs de l’État burkinabè pour la période allant de 1960 à la date d’adoption de la disposition. Alors qu’au moment où est intervenu l’assassinat du Président Thomas Sankara, M. Blaise Compaoré n’était pas chef d’État. Donc l’amnistie ne peut couvrir ses actes qui ont été commis avant qu’il ne soit chef d’État », détaille-t-il.
Rappelons que la France a remis trois lots d’archives au Burkina Faso suite à la demande du juge d’instruction du tribunal militaire de Ouagadougou via une commission rogatoire.