Coup de force au Zimbabwe: les principaux acteurs
La confusion régnait jeudi au Zimbabwe, plus de vingt-quatre heures après un coup de force inédit de l’armée qui a placé le président Robert Mugabe en résidence surveillée.
Aux commandes, en coulisses ou simples observateurs, voici les principaux protagonistes de cette crise:
Robert Mugabe, de héros à paria
Plus vieux dirigeant en exercice de la planète, Robert Mugabe, 93 ans, exerce un pouvoir sans partage sur le Zimbabwe depuis son indépendance en 1980.
Ex-chef de guérilla, héros de la libération, son crédit a faibli à mesure que son pouvoir se durcissait. Les violences contre l’opposition, les fraudes électorales et l’expulsion violente des fermiers blancs lui font perdre ses soutiens occidentaux.
La grave crise économique qui affecte le pays ont détourné de lui une large majorité de Zimbabwéens.
Fragilisé par l’âge et la maladie, il a perdu de sa fougue. Ce qui n’a pas empêché le parti au pouvoir de le désigner comme candidat à sa succession pour les élections de 2018.
Le coup de force de l’armée rend ce scénario très improbable.
Grace Mugabe, l?intrigante
Seconde épouse de Robert Mugabe, Grace Mugabe, 52 ans, a longtemps été perçue comme une femme frivole et dépensière, sans relief ni ambition.
Ces dernières années, elle a toutefois pris l’ascendant sur son nonagénaire de mari, qui l’a imposée en 2014 à la tête de la puissante Ligue des femmes de la Zanu-PF, le parti au pouvoir.
Les caciques du parti ont observé d’un oeil critique et inquiet son ascension. En obtenant la tête du vice-président Emmerson Mnangagwa la semaine dernière, elle a suscité la crise actuelle.
Après l’intervention de l’armée, elle semble promise, comme son mari, à la retraite ou à l’exil.
Le “crocodile” Mnangagwa
Compagnon de lutte de Robert Mugabe, Emmerson Mnangagwa le “crocodile”, 75 ans, a toujours été un de ses proches, n’hésitant pas à user de la violence ou de la fraude pour assoir l’autorité du chef.
Ministre de la Sécurité après l’indépendance, il a supervisé la répression des dissidents du Matabeleland. Il garde de cette époque des contacts étroits avec l’appareil sécuritaire.
En 2008, il est agent électoral en chef lors de la violente crise électorale qui pousse l’opposition, en tête au premier tour de la présidentielle, à déclarer forfait.
Depuis son accession à la vice-présidence en 2014, il faisait figure de dauphin naturel du chef de l’Etat. Son limogeage la semaine dernière a entraîné l’opération de l’armée, même si son rôle exact dans ce soulèvement n’est pas connu.
Joice Mujuru
Incarnation de l’aile modérée de la Zanu-PF, Joice Mujuru, 61 ans, a fait figure de favorite dans la course à la succession de Robert Mugabe jusqu’à son éviction de la vice-présidence en 2014.
Engagée dans la guérilla anticoloniale à 17 ans, elle y rencontre son mari, Solomon Mujuru, qui deviendra le premier chef noir de l’armée du pays. Avec lui, elle a formé un duo puissant et occupé des postes ministériels dans tous les gouvernements depuis 1980.
La mort mystérieuse de son époux dans une explosion dans sa ferme en 2011 l’a affaiblie, mais son image modérée pourrait servir à rassurer la communauté internationale.
L’armée à la manoeuvre
Soutiens indéfectibles du président Mugabe depuis 37 ans, les militaires se sont retournés contre lui après le limogeage d’Emmerson Mnangagwa.
Leur opération ne semble pas avoir de chef identifié. Lundi, le chef de l’armée, Constantino Chiwenga, a menacé d’intervenir si les “purges” ne cessaient pas au sein de la Zanu-PF.
Mais c’est un autre gradé, le général Sibusiyo Moyo, qui est intervenu à la télévision après leur coup de force.
L’opposition sur la touche
Ses principaux dirigeants observent à distance la crise en cours. Pour gagner en légitimité, les militaires pourraient toutefois les associer à la transition.
Morgan Tsvangirai, 65 ans, chef du principal parti d’opposition le Mouvement pour un changement démocratique (MDC), est un adversaire historique de Robert Mugabe.
Arrêté et battu à plusieurs reprises, il a accepté en 2009 d’entrer dans un gouvernement d’union nationale mais n’est pas parvenu, en quatre ans, à y faire entendre sa voix.
Il est aujourd’hui fragilisé par un cancer du côlon.
Tendai Biti, 51 ans, qui a quitté le MDC pour former son propre mouvement, s’est rallié récemment à une candidature commune derrière M. Tsvangirai aux élections de 2018.
Ministre des Finances dans le gouvernement d’union, il s’est fait un nom en redressant l’économie du pays.
Source: AFP