Robert Mugabe, guest star des élections au Zimbabwe
Pour la première fois depuis 1980, une élection présidentielle se déroulera au Zimbabwe sans la participation de Robert Mugabe, président du pays pendant 37 ans. S’il est vrai que l’ancien patron de la Zanu-PF, restée au pouvoir dans le pays – a quitté la politique zimbabwéenne, il n’en demeure pas moins qu’il y reste omnipotent.
Dans le Zimbabwe rural, difficile de se sortir de la tête Robert Mugabe. Si beaucoup lui reprochent une gestion dictatoriale et despotique du pouvoir, il y a certains qui sont encore nostalgiques des années de gloire du pays. A Masvingo, localité située au sud de Harare, les chants à la gloire de l’ancien leader ne se sont pas encore tus.
Alors que la campagne bat toujours son plein, les habitants de cette localité qu’a pu rencontrer l’Associated Press, n’ont toujours pas digéré la démission aux forceps imposée au héros de l’indépendance zimbabwéenne. Pour la contester, certains promettent ouvertement de voter pour l’opposition, notamment pour le Front patriotique national, un nouveau parti formé en mars avec le soutien de Robert Mugabe et proche du G40, une faction de jeunes de la Zanu-PF restée fidèle au couple Mugabe.
“Ils ont enlevé le camarade Mugabe en utilisant la force militaire. Nous devons leur montrer que l’urne est suprême que le pistolet”, a tancé Phionah Riekert auprès de l’agence de presse. Le jeune homme de 35 ans a encore du mal à oublier la réforme agraire de l’ancien président qui lui a permis de devenir propriétaire d’un lopin de terre.
La recette Mugabe
Mais il n’y a pas qu‘à Masvingo que le nom de Robert Mugabe résonne. Ce n’est pas un rien lorsque Emmerson Mnangagwa, l’actuel chef de l’Etat, bat campagne fièrement vêtu des mêmes costumes aux couleurs de la Zanu-PF qu’a longtemps arboré son prédécesseur. Le faisant, celui qui a longtemps été le vice-président de Mugabe veut ainsi tirer profit de la bonne partie de l’héritage laissé par l’ancien président.
A quelques jours de la présidentielle, il va toutefois falloir qu’il trouve les bons angles pour convaincre un électorat largement partagé. C’est en tout cas ce que révèle un sondage d’Afrobaromètre qui évalue l‘écart entre le président Mnangagwa et son principal, l’opposant Nelson Chamisa à seulement trois points. Le premier étant crédité de 40 % des suffrages contre 37 % pour le second.
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