Nigéria – Macron au Shrine : Kèmi Séba révolté contre Angélique Kidjo et Youssou N’Dour
koumpeu.com–La visite du président de la république française Emmanuel Macron au Nigéria a suscité bien des réactions et beaucoup d’africains ont quand même salué l’intérêt de ce dernier pour la culture africaine après son show au sanctuaire Afrika, le « Shrine » de Fella Kuti. Cette image que Macron a laissé de lui a impressionné l’Afrique toute entière et semblait faire oublier, un instant, leur combat panafricaniste. Toutefois, Kemi Séba, le président de l’ONG « Urgences Panafricanistes » ne s’est pas laissé endormi et a réagi sur cette visite, à la limite insolite, de Macron au Shrine avec derrière lui, de grands noms de la culture africaine.
La réaction de Kemi Séba
ONE GOD (L’ARGENT), ONE AIM (LA RECONNAISSANCE PAR L’OCCIDENT), ONE DESTINY (LA SERVITUDE INCONSCIENTE). Ce triptyque pourrait bien être la devise des artistes africains à la mode ayant chanté et dansé lors de la venue de Macron au temple de la contestation politico-culturelle nigériane qu’est le New Shrine.
Macron, en apôtre de l’ultralibéralisme et en personnalité politique pragmatique qu’il est, a senti qu’il fallait se départir de l’engrenage des contestations sociales et anticolonialistes des sociétés civiles africaines francophones qui veulent, plus que jamais, rompre avec la Françafrique (quand bien même celle-ci est customisée par lui-même et sa femme Brigitte). Il a cerné aussi que le pays faiseur de tendances économiques, culturelles, cultuelles, politiques, se nommait en ce début de 21ème siècle en Afrique le NIGERIA.
En partant en opération séduction à Lagos, auprès de l’élite artistique africaine, en convoquant, à l’aide du frère Olivier Laouchez (quelle infinie déception) et de l’animateur RFI de service (moins surprenant, car c’est son boulot après tout de travailler pour les autorités françaises….) aussi bien les vedettes musicales anglophones que francophones du continent, Macron a actionné, dans un temple pourtant interdit aux présidents nigérians, (ces derniers étant symbole du népotisme et de la corruption aux yeux de la famille Kuti) une opération de Soft Power néocolonial dont nous porterons les stigmates longtemps. Voir Femi Kuti, fils de l’icône de la résistance artistique africaine FELA, accueillir Macron nous détruit. Voir la brillante maman Angélique Kidjo, ma compatriote, chanter à ses côtés nous fend le cœur. Ecouter Youssou Ndour faire parler son talent artistique pour faire vibrer les oreilles de Manu nous déchire l’âme. Voir la lueur Yemi Alade exulter qu’un white président prête autant d’attention aux artistes africains nous DONNE LA NAUSEE.
Hier, au 20ème siècle, les artistes africains étaient les premiers à résister à l’impérialisme occidental. L’impérialisme l’a compris. Et il a fait en sorte, en ce nouveau millénaire, que ces artistes, deviennent, à force de médailles et de décorations occidentales (artistes RFI-sés entre autres….), les premiers tirailleurs du néocolonialisme doux français et plus globalement de l’hydre ultra-libérale (sans que ces artistes s’en rendent compte, et c’est bel et bien cela le plus dramatique).
Diviser pour régner. Macron n’a rien inventé. Il ne fait que moderniser ce que ses prédécesseurs ont planifié depuis de si longues années… Le Showbizz et l’intelligentsia africaine d’un côté (celui de pions inconscients de l’Occident), et le prolétariat africain et diasporique de l’autre. L’histoire dira qui gagnera cette guerre de position si chère à Gramsci.
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