Birmanie: les rebelles rohingyas proclament un cessez-le-feu d’un mois
En Birmanie, les rebelles rohingyas ont proclamé ce dimanche 10 septembre 2017 un cessez-le-feu d’un mois. Un cessez-le-feu unilatéral, et rien ne dit que l’armée birmane va suivre dans cette voie la rébellion de l’ARSA, l’Armée du salut des Rohingyas de l’Arakan. Fin août, l’attaque de ce groupe rebelle mal connu avait provoqué une réponse extrêmement violente de l’armée birmane, qui a provoqué la fuite en quelques jours près de 300 000 Rohingyas au Bangladesh.
L’ARSA explique vouloir favoriser par cette trêve l’arrivée d’une aide humanitaire pour la population de l’Arakan. Cet Etat de l’ouest de la Birmanie fait face depuis octobre dernier à une offensive de l’armée birmane, venue combattre la rébellion qui avait tué plusieurs garde-frontières. Mais les dizaines de milliers de réfugiés rohingyas passés au Bangladesh racontent que les militaires massacrent les civils et brûlent leurs maisons.
Une nouvelle attaque de l’ARSA le 25 août contre des gardes-frontières a entraîné une réponse encore plus forte de l’armée et un nouvel et gigantesque afflux de réfugiés au Bangladesh – 290 000 en deux semaines. L’ONU a d’ailleurs lancé ce dimanche matin un appel urgent à l’aide internationale, estimant à 64 millions d’euros les fonds requis pour aider ces réfugiés.
Ce dimanche, l’ARSA a demandé que l’armée birmane respecte elle aussi une « pause humanitaire » d’un mois. Depuis le début des violences, la région de l’Arakan est bouclée et interdite d’accès aux organisations humanitaires.
Pour le moment, pas de réponse du gouvernement. La semaine dernière, Aung San Suu Kyi avait assuré qu’il faisait de son mieux pour protéger « tout le monde », mais elle avait aussi dénoncé « un iceberg de désinformation » sur le sort des Rohingyas, destiné selon elle à promouvoir les terroristes.
■ Un groupe mal connu
L’ARSA est une organisation qui semble s’être constituée au Bangladesh, dans le vaste milieu des réfugiés musulmans de Birmanie et, avance Jean-Louis Margolin, maître de conférence en histoire à l’Université d’Aix-Marseille, en contact avec certaines organisations islamiques ou islamistes, très actives et en pleine croissance au Bangladesh.
Cette organisation, qui porte un nom arabe et agit au nom de « Dieu puissant et miséricordieux », se présente vis-à-vis de l’opinion internationale comme purement nationaliste. Or, pointe Jean-Louis Margolin, ni en Birmanie ni au Bangladesh on ne parle arabe en dehors de la prière. Pour le chercheur, cela met l’ARSA encore plus en porte-à-faux vis-à-vis des Birmans, de leur gouvernement et des milieux bouddhistes qui se trouvent ainsi confortés dans leur identification des rohingyas avec une contestation religieuse musulmane.