COMMENT PEUT-ON ÊTRE SURDOUÉ ET POURTANT EN ÉCHEC SCOLAIRE?

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koumpeu.com–Ils réfléchissent rapidement, mémorisent sans effort, font de nombreuses associations et pourtant… ils échouent face aux devoirs d’école. Les enfants à haut potentiel ont des faiblesses spécifiques, et se brident pour rentrer dans le moule.

Avoir un Q.I. supérieur à la moyenne et porter le bonnet d’âne, voilà un sacré paradoxe.

Mais c’est pourtant une réalité pour près d’un tiers des enfants à haut potentiel, dits surdoués, qui se retrouvent en échec scolaire. Les estimations sont éloquentes : alors que 2,5 % des enfants scolarisés entre la maternelle et la terminale (300 000 en France) affichent un Q.I. de plus de 130 (0,1 % dépassant les 145 !), plus d’un quart d’entre eux ne vont pas jusqu’au bac.

En dehors de la présence possible d’un trouble comme la dyslexie, les psychologues expliquent ces difficultés par ce qu’ils appellent une dys-synchronie entre le développement émotionnel et intellectuel de l’enfant : autrement dit, si leur intelligence est supérieure à celle des autres enfants de leur âge, leur développement émotionnel, lui, ne l’est pas. Ils accèdent donc à des informations qu’ils ne sont pas encore capables de gérer.

Des perfectionnistes très lucides sur leurs connaissances

Par exemple, les enfants surdoués partagent deux caractéristiques : ils sont à la fois perfectionnistes et très lucides sur eux-mêmes et donc sur l’étendue (et les limites) de leurs connaissances. Alors qu’un adulte qui connaît ses forces et ses faiblesses en fera un atout pour réussir, un enfant surdoué se laisse envahir par l’éventualité de l’échec, ce qui crée une anxiété paralysante lors des examens.

Autre caractéristique de ces enfants : leur pensée est rapide, intuitive et foisonnante. Ils raisonnent par associations d’idées et mémorisent sans effort. Dans les petites classes, ils ne voient pas l’utilité de se plier aux méthodes de mémorisation et de réflexion que l’école inculque aux autres élèves. Le problème survient au collège quand, pour obtenir de bonnes notes, l’enseignant leur demande non seulement de trouver la bonne réponse, mais aussi d’expliquer la démarche permettant de l’obtenir telle qu’elle a été enseignée en classe. Ce qui va à l’encontre du raisonnement des enfants surdoués. Bien qu’ayant les connaissances, ils n’arrivent pas à entrer dans le moule que l’école leur impose, laquelle n’est pédagogiquement pas faite pour les petits génies – ni pour les cancres, d’ailleurs.

L’effet « pygmalion négatif »

Enfin, un autre handicap peut perturber la scolarité de ces élèves qui sortent du cadre. En 2013, lors d’une conférence de l’Afep (Association française pour les enfants précoces), le neuropsychiatre Olivier Revol évoquait le cas d’un de ses jeunes patients : sa mère exigeait qu’il saute une classe car il lisait déjà parfaitement et s’ennuyait. La maîtresse, elle, s’y opposait, assurant qu’il ne maîtrisait pas la lecture.

Pour preuve, cette dernière appelle l’enfant et lui demande de lire à voix haute. Celui-ci s’exécute : « LA-PE-TI-TE-MAI-SON-DANS-LA… », lit-il en marquant péniblement chaque syllabe. La mère se fâche et lui ordonne de lire normalement.

L’enfant recommence et, cette fois, sa lecture est parfaitement fluide. La maîtresse, interloquée, lui demande pourquoi il ne lit jamais aussi bien en classe. L’enfant répond : « Parce que quand les autres lisent comme ça, vous leur dites que c’est très bien et vous leur mettez 10/10… » On appelle cela l’effet « Pygmalion négatif » : pour correspondre aux attentes de son professeur, l’enfant surdoué tenterait maladroitement de se mettre au niveau des autres, feignant d’ignorer ce qu’il sait. Passant ainsi pour un élève médiocre.

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