Sénégal: Un peuple sur le qui-vive***
« Booko laalée …
Booko laalée..
Dinaala door ! »
Ce refrain récurrent est, aujourd’hui, une mise en garde du peuple au chef de l’Etat encore déifié par les articles 42 à 52 de la constitution, 254 du code pénal et 28 du code de procédure pénale.
Ce dernier article constitue un obstacle à la séparation des pouvoirs telle que préconisée par Montesquieu dans son ouvrage : » De l’esprit des lois « , publié en 1748, à Genève et sans nom d’auteur, de manière à éviter la censure.
Considérant que les gouvernants jouent avec les lois et restreignent les droits au Sénégal, les populations, surtout les jeunes ont décidé de briser le mythe de l’Etat antidémocratique.
Cette situation incarnée ou symbolisée par le Président Macky SALL, de nos jours, assimilé à un tyran, est devenue insupportable pour ce peuple avide de changement.
Le gardien de la constitution, à l’heure actuelle, vu comme un dictateur, qui par des actes ostentatoires de son administration et des comportements zélés de ses corps habillés notamment la police et la gendarmerie, bastonne, torture, humilie et des fois même tue des innocents.
Ces derniers sont composés, pour la plus grande majorité, de jeunes en quête d’un Sénégal meilleur, où la démocratie est une réalité, où l’équité sociale est palpable, où les inégalités à tous les niveaux seront réduites à leur plus simple expression.
Le rassemblement du F24, forces vives de la Nation, plateforme qui regroupe une centaine de partis d’opposition, mais aussi des organisations de la société civile et des syndicats, du 12 mai 2023 à la place de la Nation a été une belle occasion pour une bonne frange du peuple sénégalais d’exprimer son désaccord à une troisième candidature pour un président qui se veut légitime pour un mandat de trop.
Tous les analystes ont manifesté des signes d’inquiétude au moment où la peur et l’incertitude ont fini de gagner toutes les couches sociales sénégalaises et les partenaires au développement résidents, tout comme les étrangers qui vivent parmi nous.
Franchir la ligne rouge serait d’emprisonner ou d’empêcher l’homme qui cristallise l’espoir de tout un peuple.
Ousmane SONKO, puisque, c’est de lui qu’il s’agit, avec un parcours reluisant et un discours panafricaniste est vu comme le sauveur.
En effet, son passage à l’assemblée nationale, qu’il a marquée de son empreinte, a permis aux Sénégalais de comprendre une bonne partie du fonctionnement du gouvernement.
Ce moment aussi a été une occasion pour lui de mettre le doigt sur les finances publiques, la gestion des ressources naturelles et surtout les enjeux du pétrole.
Son engagement pour son pays, sa témérité rare, chez le politicien, et son franc parler prouvent à suffisance ce besoin de faire la politique autrement tant réclamée par le PASTEF, cette jeune formation politique qu’il dirige et dont le récépissé a été signé depuis février 2015, mais aussi par les Sénégalais de la diaspora comme les patriotes du pays.
Pour un coup d’essai PASTEF a réussi un coup de maitre pour avoir eu 15,67% en 2019 à l’élection présidentielle, sans compter du reste, un score impressionnant aux locales avec un total de trente-quatre (34) élus dont quatre (04) présidents de conseils départementaux et 26 députés lors des élections législatives de juillet 2022.
Il devient inéluctablement l’opposant le plus redouté et étouffe l’émergence de tout autres bouffons de la scène politique sénégalaise.
Cette crainte s’est transformée en une haine viscérale, quand un complot ourdi a été orchestré et monté de toutes pièces pour l’éliminer politiquement.
De plus, le semblant procès de diffamation qui n’est rien d’autre qu’une tentative de liquidation d’un adversaire politique a confirmé l’ambition du président Macky SALL de briguer un troisième mandat.
Cette troisième candidature nous conduit à un cycle dangereux pour la paix sociale dans notre pays.
Il est juridiquement et moralement disqualifié.
Corrélativement, c’est l’émoi et le désespoir chez le peuple qui subit une justice tendancieuse.
Le pouvoir exécutif à travers une justice instrumentalisée a fini d’installer un sentiment de révolte chez les populations.
Ainsi, elles se retrouvent dans la situation où Julien Torma, à travers » Euphorismes » 1978, disait :
« Il n’y a que deux attitudes : se résigner ou se révolter. Toutes deux exigent la même liberté et la même lucidité. Malheureusement, nos révoltés sont encore et toujours beaucoup trop résignés, et nos résignés beaucoup trop révoltés. »
A moins de six cents (600) jours de l’élection présidentielle, les populations matures, exigeantes et conscientes de l’enjeu existentiel se retrouvent pour constater que la seule chose qui vaille est de combattre.
En effet, elles s’engagent pour le respect de la constitution, pour la libération des détenus politiques, pour la non-confiscation des libertés individuelles et collectives et pour le respect de la parole donnée.
Au Sénégal, le mal est profond. En effet, rien n’est plus irritable dans un état démocratique quand un président, qui se comporte comme un despote, cherche à s’éterniser au pouvoir.
Dans de pareilles circonstances, il froisse les droits et libertés fondamentaux de ses concitoyens.
Par conséquent, ces personnes se sentant non considérées et lésées se rebiffent et contre attaquent celui qu’elles considèrent, désormais, comme leur adversaire et qui devrait normalement être leur garant, le père de la Nation bref le protecteur.
Cela nous amène à comprendre que vouloir imposer la résignation à un peuple averti, éveillé, déterminé à prendre son destin en main est une entreprise vaine.
C’est, certainement, ce pourquoi, Albert Camus nous disait dans son roman, L’homme révolté 1951: « l’art et la révolte ne mourront qu’avec le dernier homme.» Subséquemment à cette vérité de Camus, un homme d’état expérimenté, qui n’est intéressé que par le développement de son pays, ne devrait-il pas avoir une autre attitude.
A coup sûr, puisque qu’il a déjà travaillé pour la patrie au moins pendant deux mandats et a déjà goûté aux honneurs, ainsi ne devrait-il beaucoup plus privilégier la stabilité du pays.
Le peuple sénégalais mériterait-il cette souffrance à n’en plus finir rien que pour la gouvernance du ROI Macky ? Et si l’on se fie à Denis Diderot, artiste, écrivain et philosophe (1713 – 1784) quand il disait « Sous quelque gouvernement que ce soit, la nature a posé des limites au malheur des peuples. Au-delà de ces limites, c’est ou la mort, ou la fuite, ou la révolte. ».
La gouvernance du Roi Macky est hors limites et le ras- le – bol est le sentiment le plus partagé par les citoyens Sénégalais. Lu Ëpp Turu.
Ensemencer à tout vent les germes de contestations qui ont toujours fini d’installer le chaos dans les pays en voie de développement, caractérisés par une jeunesse sans emploi devant un avenir incertain, n’est nullement la marque des hommes d’honneur.
Pour rassurer le peuple, Macky SALL ne devrait-il pas publiquement et solennellement renoncer à sa troisième candidature pour désamorcer la tension politico-sociale qui ne cesse de prendre des proportions inquiétantes. C’est la seule option honorable et l’unique porte de sortie pour un président qui a fait son temps. L’illusion est de se croire indispensable. Il n’y a qu’à interroger De Gaulle ou plus près son père Me Wade. Qu’il dispense ce pays de ces tensions que sa posture explique mais ne justifie nullement.
Matar SENE Trésorier national de PASTEF et Coordonnateur communal de PASTEF Diourbel.