RDC: les élections fixées au 23 décembre 2018, annonce la Céni
Fin du suspens en République démocratique du Congo (RDC). A l’issue d’un week-end de plénière, la Commission électorale a annoncé ce dimanche, devant la presse et les diplomates, la date des élections : la présidentielle, les législatives et les provinciales se tiendront le 23 décembre 2018. Trois scrutins en une seule séquence. La Commission électorale avait jusqu’ici affirmé qu’il n’était techniquement pas possible d’organiser les trois scrutins avant avril 2019. Mais la pression internationale sera au moins parvenue à cela. Trois scrutins auront donc lieu en une seule séquence le 23 décembre 2018 : la présidentielle, les législatives et les provinciales.
Il a rappelé que plus de 40 millions de Congolais étaient déjà enrôlés. Et surtout, il a appelé à éviter toute mauvaise réaction après l’annonce de ce calendrier, alors qu’un important dispositif sécuritaire entoure ce dimanche soir les locaux de la Commission électorale à Kinshasa.
Un chronogramme et un soutien logistique et financier
C’est le rapporteur de la Céni, Jean-Pierre Kalamba, qui a détaillé le chronogramme. On y découvre par exemple que les Congolais de l’étranger pourront finalement voter. Ils seront enrôlés à partir du 1er juillet 2018, un mois après l’audit du fichier électoral mis à jour pour les électeurs habitant en RDC.
Selon ce chronogramme, le président Kabila restera, lui, au pouvoir au moins un an de plus. Son successeur devrait prêter serment le 12 janvier 2019. Avec ce calendrier tant attendu, le chef de l’Etat congolais aura gagné deux ans, soit près d’un demi-mandat.
Des élections au plus tard en 2018, c’est ce que réclamait la communauté internationale, et jusqu’ici la Céni disait officiellement que c’était techniquement impossible et réclamait une aide financière. Aujourd’hui, ce calendrier est assorti de promesses, dit-on, d’un soutien logistique des partenaires de la RDC et de nouveaux moyens humains et financiers. « Nous espérons que les partenaires vont mettre leur contribution pour aider la Céni, et pas seulement les ONG », a déclaré Corneille Naanga.
Il faudra attendre le 6 mars 2019 pour voir le Sénat renouvelé, élection qui n’a plus eu lieu depuis 2006. Quinze jours plus tard devrait avoir lieu l’élection des gouverneurs et vice-gouverneurs. Quant au scrutin inédit et si complexe à organiser dans un pays-continent comme la RDC, selon la Commission électorale, les élections locales, conseillers communaux, secteurs et chefferies, pourront se tenir pour la première fois le 22 septembre 2019.
Pour le président de la Céni, Corneille Naanga, ce calendrier « respecte l’accord politique de la Saint-Sylvestre », qui prévoyait en principe ces élections fin 2017.
C’est aussi ce que pense Aubin Minaku, secrétaire général de la majorité présidentielle et président de l’Assemblée nationale qui se félicite de cette nouvelle étape. « L’accord de la Saint-Sylvestre fixait le délai de décembre, mais avait aussi prévu qu’il y ait une évaluation du processus pour éventuellement amender le calendrier. Et je crois que c’est ce qui a été fait. »
Est-ce que ce calendrier va être accepté par l’opposition ?
Félix Tshisekedi, le président du Rassemblement de l’opposition a immédiatement rejeté ce calendrier qu’il juge « inacceptable ». Il affirme par ailleurs ne plus reconnaître ni le gouvernement ni la Céni. Pour lui, ce calendrier est une violation de la Constitution et de l’accord politique de la Saint-Sylvestre que lui-même a signé. « Nous allons demander à notre peuple de réagir à cela, de résister, et de finalement chasser Kabila et sa bande de malfaiteurs », a-t-il réagi. « Nous allons demander à la communauté internationale de prendre ses responsabilités et surtout de ne pas essayer de nous convaincre de ce crime qui est en train de se passer sous nos yeux. »
C’est l’avis d’Eve Bazaïba du MLC qui rejette également de ce calendrier. « Le peuple n’acceptera », dit-elle.
Quant à la Conférence épiscopale nationale congolaise (Cenco), qui avait facilité le dialogue qui a abouti à la signature de l’accord du 31 décembre 2016, elle n’a pas encore donné sa position officielle, mais elle estime que la Céni aurait pu faire plus d’efforts pour avancer la date des élections